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Une brève histoire de la littérature américaine

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Le concept de littérature recouvre aux Etats-Unis une réalité un peu différente de ce qu’il désigne pour les Européens, et plus particulièrement pour les Français. Si la littérature représente pour nous non seulement l’ensemble des œuvres de premier plan mais également les critiques et les commentaires qu’elles ont suscités et surtout les tendances et les courants qui naissent des contacts que nouent les écrivains et, plus généralement, les «intellectuels», il n’en va pas de même de la littérature américaine.

D’une part, l’Amérique fut toujours plus riche de créateurs que de théoriciens et jusqu’à la deuxième moitié du 20e siècle, qui a

vu l’apparition de la «New Criticism», la réflexion sur la littérature fut presque absente des lettres américaines.

D’autre part, l’écrivain américain est beaucoup plus isolé que l’écrivain européen, non seulement parce qu’il est rare qu’il appartienne à une «coterie» littéraire : il travaille généralement seul, ce qui explique le régionalisme de certains auteurs et plus encore l’expatriation de bien d’autres.

Cependant, ces différences ne doivent pas dissimuler les similitudes entre l’évolution suivie par la littérature des Etats-Unis et celles de nombreuses littératures européennes, notamment la littérature française. C’est que, la littérature reflétant dans une large mesure l’histoire d’un pays, les grands événements de l’histoire des Etats-Unis correspondent à ceux qui ont bouleversé l’Europe du 18e siècle à nos jours.

Mais ce parallélisme dans l’évolution demeure moins important que les traits propres à la vie littéraire américaine, qui ont permis de parler d’«américanisme». Cet américanisme tient à des faits religieux et historiques aussi bien qu’à des données géographiques. Il semble que les premiers soient d’abord intervenus dans la littérature.

Le fait religieux domine en effet les débuts des lettres américaines mais son influence continua longtemps de s’exercer. Le puritanisme donna naissance à quantité de sectes dont chacune défendit ses positions par des traités de théologie… et parfois des pamphlets.

Deux traits étaient cependant communs à toutes ces sectes: d’une part, l’affirmation de l’expérience religieuse individuelle, qui favorisait l’exercice de la pensée et de la plume et entraînait la rédaction de nombreux sermons et surtout de journaux intimes qui tenaient lieu d’examen de conscience; d’autre part, la morale rigoureuse mais aussi héroïque selon laquelle l’activité humaine «simule une lutte voulue et suivie par Dieu». La conduite pure des «justes» devient un signe de leur élection; respectabilité, richesse et sucés apparaissent en quelque sorte comme des «indices divins». C’est pourquoi l’intensité de la vie religieuse ne s’opposera pas à une littérature de conquête, d’aventure et d’action mais pourra au contraire, très souvent, la fonder.

Une autre donnée, historique, celle-ci, exercera une influence non négligeable sur les lettres américaines; on la désigne généralement sous le nom de «fait colonial ». L’attitude ambiguë que les Etats-Unis ont manifestée à l’égard de l’Angleterre surtout, mais aussi de la France et de l’Italie, mélange d’attirance et de méfiance, tient essentiellement à ce que les Etats-Unis ont été une colonie d’un pays d’Europe.

Autre caractéristique importante de la vie intellectuelle et morale des Etats-Unis, le fait que la tradition philosophique, qui donna naissance aux idéaux de la démocratie, loin de s’opposer à la tradition religieuse, comme ce fut le cas de la France, par exemple, s’est au contraire fondue avec la tradition puritaine, comme le prouvera, entre autres, le courant appelé «transcendantalisme».

Mais c’est le pays même, plus encore que ces données religieuses et historiques, qui a marqué la littérature américaine, dans le choix des genres autant que dans le contenu des œuvres. C’est qu’en effet, pour l’écrivain et même pour le poète contemporain américain, les Etats-Unis ne sont jamais un fait acquis mais représentent une expérience naturelle et humaine qui ne cesse de les passionner ou de les outrager, mais jamais ne les laisse indifférents.

Il est peu d’écrivains américains qui n’aient été fascinés par l’immensité de ce pays et le caractère grandiose du cadre naturel,

peu de poètes qui ne les aient célébrés avec lyrisme.

Le temps américain, qui n’est pas non plus à la mesure du temps européen, a exercé sur la littérature une influence qui, pour être différente, n’en est pas moindre. «Les infinies possibilités de détente et de contraction qu’il offre, quand il est multiplié par l’espace, expliquent peut-être la richesse du roman, la hardiesse des recherches techniques auxquelles le genre a donné lieu.»

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