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Littérature américaine – 7 – Entre-deux Guerres (1)

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A cheval sur deux siècles Theodore Dreiser est plutôt rangé parmi les romanciers modernes, ou du moins parmi leurs initiateurs. Apres des débuts difficiles dans le journalisme, il se tourna vers le roman réaliste et fit partie de ceux que l’on appela les nurckrakers (les remueurs de boue).

Peu sensible aux problèmes d’esthétique littéraire, Dreiser se soucie surtout de porter un témoignage et de dénoncer la société américaine et les faux dieux qu’elle adule, et ce surtout dans An American Tragedy.

Sinclair Lewis (1885-1951) est le premier écrivain américain à avoir obtenu le prix Nobel de littérature, ce qui n’est pas sans nous étonner aujourd’hui. Utilisant le canevas du roman biographique qu’il coule dans le moule du réalisme, Lewis est un pamphlétaire avant tout. Elmer Gantry est une satire souvent corrosive de l’imposture religieuse et Babbit dont le protagoniste, devenu un mythe, a fait la gloire de son auteur, est une critique accablante de la stérilité d’une civilisation technocratique et commerciale.

La même critique anime l’oeuvre de Sherwood Anderson (1876-1941) mais elle est affirmée par une personnalité plus riche, plus sensible, plus inquiète qui, au-delà de la satire sociale, étudie l’homme «en situation ». Les personnages de Hands, de Winesburg, Ohio, de Dark Laughter, pathétiques, violents, livrés à leurs instincts, sont, avant tout, victimes de leur milieu.

Mais Sherwood Anderson est aussi l’artisan d’une double libération: d’une part, il se libère lui-même de la société étriquée qui est la

sienne et veut libérer celle-ci en lui montrant ses maux avec franchise; d’autre part, il se libère des conventions réalistes et crée dans Wiuesburg, Ohio une technique nouvelle de contrepoint géographique.

C’est après la première Guerre mondiale que se déroule une aventure préparée par JamesPound et par des précurseurs comme

Gertrude Stein : l’exil en Europe. L’Amérique des années Vingt ne différait guère économiquement et socialement, de celle de 1880; face au puritanisme et au règne de l’argent, les écrivains n’avaient qu’une alternative: fuir ou se révolter. La plupart décidèrent de s’exiler à Paris, et c’est le sens principal de cette expression de Gertrude Stein «the lost generation» (la réintégration perdue), perdue pour son pays.

Fitzgerald
Francis Scott Fitzgerald (1896-1940) est l’un de ceux qui vécurent avec le plus d’acuité ce qui fut plus qu’un «mal du siècle» strictement daté. Les personnages de This Side of ParadiseThe Great GatsbyAll the Sad Young Men, vivent leur désillusion sur un plan essentiellement métaphysique, tant il est vrai qu’ils n’ont jamais de souci matériel ni de préoccupation sociale. Fitzgerald est cependant mieux qu’un simple témoin de ce qu’il avait lui-même appelé  «Jazz Age» et ses nouvelles autant que ses romans révèlent un talent sûr, que viendra interrompre une mort précoce, hâtée par l’abus de l’alcool. Fitzgerald est mort comme ses «anti-héros».

Hemingway
Proche à ses débuts de ce nihilisme, Ernest Hemingway (1898-1961) y échappe par le culte de l’art allié à celui de l’action. Ses récits violents, menés avec une parfaite maîtrise technique ont souvent pour protagonistes des personnages individualistes et nietzschéens qui peu à peu, par la première Guerre mondiale, A Farewell to Arms (L’Adieu aux Armes), la Guerre civile espagnole, les désordres de la bohème d’après-guerre, The Sun also Rises, découvrent la portée sociale de la solidarité humaine.

Excellant dans un style proche du reportage journalistique, quand le thème l’exige, c’est cependant dans les nouvelles et les courts récits qu’il se réalise le plus complètement, et The Old Man and the Sea (Le Vieil Homme et la Mer) aura autant fait pour sa gloire que

For Whom the Bell Tolls (Pour qui sonne le Glas, 1940), qui fut salué par certains comme un autre Guerre et Paix.

 

Dos Passos
John Dos Passos (1886-1971) est parfois considéré comme le romancier le plus significatif de cette génération tourmentée. La vision réaliste qui marquera la plupart de ses romans procède d’un écroulement intérieur provoqué par la guerre, si bien qu’une sensibilité vive se doublera toujours de la constatation de l’immense duperie que la guerre porte à son apogée. Son livre de guerre Three Soldiers (1921) est une accusation des plus violentes. «Mais sa révolte ne reste pas stérile car elle est nourrie d’idéologie sociale et de passion révolutionnaire». Dès le lendemain de la guerre, il se lançait dans le socialisme et demandait aux écrivains de renoncer à leur détachement.

Ce réalisme s’unit chez lui à une démarche et une sensibilité unanimistes qui font de ses romans des fresques «totales», de véritables sommes; Dos Passos est un peu le Jules Romains d’outre-Atlantique à cet égard. Cependant, et malgré le succès de son triptyque

USA (The 42nd Parallel, 1919, The Big Money), et de son chef d’œuvre Manhattan Transfer, Dos Passos avait perdu une large partie de son audience, peut-être en raison de son silence et des positions presque conservatrices qu’il en était venu à défendre.

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