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Littérature américaine – 4 – Le Transcendantalisme

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Le mot de transcendantalisme, emprunté à Kant, fut d’abord utilisé par les adversaires de ce mouvement dans une acception péjorative, pour désigner ce qu’ils considéraient comme des créations dépourvues de raison autant que de beauté.

Le terme fut ensuite repris par les novateurs eux-mêmes pour caractériser une position philosophique et religieuse surtout, plus spécifiquement littéraire par la suite. A ses débuts, le transcendantalisme apparaît comme la version américaine de l’idéalisme allemand. Ce mouvement naquit tout naturellement en Nouvelle Angleterre où le dogme calviniste était devenu, sous l’influence de la période révolutionnaire, un idéalisme humanitaire et sentimental, proche du romantisme français mais différent de lui en ce que les transcendantalistes demeurèrent très conservateurs en politique.

 

La tendance appelée genteel tradition, très caractéristique de l’ère victorienne en Amérique demeura longtemps la plus populaire. Elle cultivait la poésie, comme une évasion ornementale qui devait fuir le réalisme autant que la trop intime révélation de soi.

Henry Wadsworth Longfellow fut le chef de file de cette école. Voyageur, esthète et humaniste, il était par nature un amateur doué plutôt qu’un poète national – et pourtant le devint, grâce, surtout, à de longs ouvrages narratifs et dramatiques comme The Golden Legend (1851), ou Tales of a Wayside Inn.

 

Oliver Wendell Holmes (1809-1894), Bostonien, professeur à Harvard, surtout connu aujourd’hui pour ses pamphlets à l’ironie un peu lourde et James Russel Lowell (1819-1890), universitaire, poète officiel et sentimental tout ensemble, furent, après Longfellow, les deux principaux représentants de la genteel tradition.

C’est à ce climat intellectuel et moral qu’ont échappé les véritables transcendantalistes, en se réunissant au « Transcendantal Club »,en créant des communautés utopiques, en écrivant. Il faut remarquer à cet égard que si tous les représentants de ce mouvement se sont consacrés, dans des proportions différentes, à la poésie, il n’en demeure pas moins que tous les genres ont été représentés et que chacun d’eux à été utilisé avec une grande souplesse.

Emerson
Ralph Waldo Emerson (1803-1882), penseur plutôt que philosophe, mystique sans être croyant, a une conception quasi-messianique du destin de l’Amérique tel que le forgent les pionniers. Le bonheur dans la nature, qui est souvent l’objet de son chant, revient en fait au bonheur en Amérique, «Eden de prospérité». Sa poésie, qui manque de travail autant que de raffinement, se veut le reflet de l’abandon de l’individu à la révélation de la vision intérieure. La gloire lui viendra des Essays (1841-1844), de Representative Men (1850) puis de ses Poems. Les dernières années de sa vie furent consacrées à d’innombrables conférences et tournées dans l’Ouest destinées à orienter l’effort des pionniers vers un plus haut idéal.

Thoreau
Henry Davis Thoreau (1817-1862) trouve aussi le bonheur au sein de la nature mais pousse plus loin qu’Emerson la révolte contre le puritanisme. Thoreau était un anarchiste, méprisant la société de son temps et vivant seul au milieu des bois. Il écrivit Civil Desobedience où il défend une théorie de la résistance passive au pouvoir politique.

Hawthorne
Nathaniel Hawthorne ( 1804-1864) se distingue des autres transcendantalistes par une conception tragique de la vie et un sentiment du pêché contre lequel il se révolta mais dont il ne put se débarrasser. Il commence par des nouvelles qui passent longtemps inaperçues puis, en 1850, produit son chef-d’oeuvre The Scarlet Letter où, brodant sur un épisode quasi-légendaire de la colonie, il sonde les remords d’une âme pécheresse. Premier véritable romancier des Etats-Unis, au sens où nous entendons aujourd’hui le terme de roman, il est aussi un prosateur poète qui révèle, mieux que tout autre dans cette génération, le symbolisme poétique qui enveloppe la nature autant que la société. The House of the Seven Gables (1851), moins solidement construit, mêle à des analyses lucides et réalistes une présence du merveilleux et de l’imaginaire qui explique le succès international de ce roman.

 

Melville (1819-1891) est sans doute le plus célèbre, à l’étranger, des écrivains de cette époque. Sa quête angoissée du beau et du vrai l’éloigne un peu d’Emerson, moins sans doute d’Hawthorne, et lui fait prendre une voie qui lui est propre. Après des nouvelles comme Benitoito Cereno et surtout l’admirable Billy Budd, Sailor, où déjà, le thème de la mer devient un symbole métaphysique et moral. Mais c’est surtout Moby Dick qui, à très juste titre, fit sa gloire posthume (de son vivant, Melville fut ignoré ou totalement incompris).

Épopée spécifiquement américaine, c’est en même temps une «somme» morale et spirituelle, la baleine blanche, Moby Dick, symbolisant le mal. Sa langue, épique et biblique lui vaut aussi cet avantage de n’avoir aucunement vieilli aujourd’hui.

Whitman
Walt Whitman (1819-1892) eut, lui, la chance de connaître la gloire de son vivant, et cette gloire est due à un seul et unique ouvrage de poésie Leaves of Grass (1855, 1892). Le ton de « Feuilles d’Herbe« surprend d’abord par le souffle, véritable tourbillon, et le lyrisme.

Il s’agit bien de lyrisme car Whitman chante et célèbre son «moi», mais, assurément, s’il parle de lui, c’est au nom de tous ses compatriotes. En effet, l’Amérique est sans cesse présente dans ce recueil : l’Amérique est la nature, et la nature est Dieu. Plus que de panthéisme, il faut surtout parler de communion absolue – que certains n’ont pas manqué de qualifier de confusionnisme.

L’autre élément de son inspiration est de nature érotique, en quoi Whitman est un novateur, mais cet érotisme est seulement l’une des manifestations d’un besoin éperdu d’amour sous toutes ses formes. Un autre aspect de sa personnalité, plus discret, se révèle dans les poèmes qui traitent de la guerre de Sécession.

 

Le mouvement transcendantalisme donnait ainsi à l’Amérique ses deux premiers grands romanciers et son premier véritable poète.

 

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