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Littérature américaine – 5 – La Guerre de Sécession

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Les rêveries humanitaires des transcendantalistes débouchent tragiquement sur la guerre civile. Avec une inconséquence grave, les intellectuels amoureux de la paix vont pousser à la guerre. «Un roman comme Uncle Tom’s Cabin, de Harriet Beecher Stove, eût une importance décisive sur le mouvement d’opinion qui rendait le conflit inévitable.»

La littérature de la guerre est étrangement «chétive et incolore» car nombre de vrais écrivains, trop jeunes ou trop agés echapperont au conflit. Deux romanciers se distinguent : John William Deforest qui écrivit l’un des meilleurs romans que la guerre ait suscités, Miss Ravenel’s Conversion from Secession to Loyalty (1867), et Albion Winegar Tourgee, dont A Fool’s Errand est l’un des meilleurs témoignages sur la «Reconstruction».

En fait, ce sont les générations suivantes, rattachées à la guerre par une longue tradition orale et affective, qui en rendront compte dans

les meilleurs ouvrages. Le roman de Stephen CraneThe Red Badge of Courage a pour protagonistes des personnages déterminés par les événements et animés de sentiments sur lesquels ils n’ont aucun pouvoir, plus tard les romans d’Alan Tate et une grande partie de l’oeuvre de Faulkner dont The Unvainquished, Sartoris, Absalom! Absalom!, les poèmes et les romans de Robert Penn Warren feront entrer la guerre civile dans la veritable littérature.

La Reconstruction et le réalisme (1865-1900)
Il n’est pas sans importance, pour la littérature ultérieure, de remarquer que la guerre de Sécession fut une guerre d’idéologie dont l’esclavage ne fut, au fond, qu’un prétexte; une conception démocratique de la société s’opposait à une conception aristocratique.

Or l’essor industriel qui va suivre la guerre, l’extraordinaire croissance de villes comme New York et Chicago, avec la paupérisation que ce phénomène ne pouvait manquer d’entraîner, l’écart sans cesse plus grand entre une bourgeoisie industrielle qui s’enrichissait et le prolétariat ouvrier, vont amener les écrivains à porter leur attention sur les rapports existant entre «l’individu», les différentes classes sociales et «la société». L’influence du réalisme français et surtout du naturalisme de Zola agira dans le même sens et favorisera une littérature non de polémique et d’engagement mais de regard et de description lucides… mais ceci ne se fera pas immédiatement.

La littérature se met d’abord au gout du jour qui est, en l’espèce, le mauvais goût le plus consommé, dominé par l’argent et le besoin du «clinquant». Puis apparaît une littérature régionaliste riche en «couleur locale» que Mark Twain domine de toute la hauteur de son génie et de son humour.

Mark Twain
De son véritable nom Samuel Langhorne Clemens, Mark Twain (1835-1910), rejetant l’Europe et ses raffinements, se fait le chantre d’une Amérique bigarrée et aventureuse et, tant par ses outrances, que par son humour, et surtout par son style où le langage parlé du Middle West accède à la dignité du langage écrit, est à l’origine d’une des tendances les plus originales du roman américain.

Tom Sawyer et Huckleberry Finn expriment, au-delà des révoltes enfantines de leurs héros, devenus légendaires, la déception lucide de leur auteur à l’égard du mode de vie américain en cette période du gilded age.

 

William Dean Howells
Bostonien cultivé, longtemps directeur de la célèbre et conservatrice revue Atlantic Monthly, William Dean Howells (1837-1920), se convertit à cinquante ans passé au radicalisme en politique et, de ce fait, au réalisme en littérature.

Après Indian Summer et The Rise of Silas Laphana, il publie alors A Hazard of New FortunesAnnie Filburn, où l’on voit un pasteur renoncer à son ministère pour partager le labeur des ouvriers et The Quality of Mercy, roman de la finance, toutes œuvres qui manifestent sa désillusion et son manque de confiance à l’égard d’une société qui, en s’industrialisant, a perdu le sens de l’humain.

Whitman lui-même, avant de mourir, avait ecrit: «Notre démocratie du Nouveau-Monde qui est peut-être un succès… en progrès matériels… est jusqu’à ce jour un complet échec en ses aspects sociaux et en tous ses résultats religieux, moraux, littéraires et esthétiques».

Howells fut depassé par des écrivains qui se voulaient «naturalistes» et s’illustrèrent surtout à la charnière des deux siècles.

Le naturalisme américain, s’il doit beaucoup à Zola et aux Goncourt, est, encore une fois, moins tourné que son homologue français vers des revendications d’ordre littéraire. Ses représentants, souvent pauvres, farouches et révoltes, incarnent le malheur et l’insurrection.

Stephen Crane, dont le roman Maggie: a Girl of the Streets raconte l’histoire d’une jeune prostituée irlandaise qui se tue, semblerait proche des Goncourt… mais it meurt a 29 ans, après une existence toute différente.

Frank Norris (1870-1902) dans Mc Teague, histoire d’un ouvrier mineur de San Francisco, Vandover and the Brute et dans sa trilogie, inachevée, «l’Épopée du Blé », Octopus, révèle une très profonde influence de Zola. Mais cette influence ne nuit ni à la sincérité de son propos ni au caractère purement américain des faits et des personnages. Octopus, en particulier, attaque le monopolisme et la rapacité tentaculaire du réseau ferré qui ruine les fermiers dont Norris raconte la vie quotidienne avec autant de lucidité que de vigueur.

Upton Sinclair «appartient autant à la sociologie qu’à la littérature». Il dépeint, dans The Jungle, les abattoirs de Chicago et la misère des immigrants lituaniens; ce roman passe pour être directement responsable des lois édictées par le gouvernement sur la production de la viande.

Jack London
A la même époque, Jack London (1876-1916) s’oriente vers deux tendances différentes, avec une fortune inégale. Romancier réaliste dans The People of the Abvss, reportage stur les taudis de Londres, et The Valley of the Moon, histoire d’un couple d’ouvriers américains, il se réalisera bien davantage dans des romans d’aventures, aventures interprétées «à la lumière d’un nouvel évangile primitiviste et socialiste tout ensemble» comme The Call of the Wild (L’appel de la Forêt), White Fang (Croc Blanc) ou South Sea Tales.

Henry James
Les plus grands écrivains de cette époque n’appartiennent pas tous au courant idéaliste et «social».

L’un des génies romanesques non seulement de son temps mais de toute la littérature américaine prit en effet une voie différente: il s’agit d’Henry James (1843-1916). James est l’initiateur de la «dédramatisation» du roman et ouvre, par là-même, la route que suivront en Angleterre Virginia Woolf puis James Joyce; ce n’est pas par hasard qu’il est l’un des rares romanciers théoriciens des lettres américaines. Ses romans, qui ne comptent guère de personnages ou d’événements mémorables, ont souvent pour thème premier les contrastes entre l’Europe, dont il goûtait la culture et les raffinements, et l’Amérique. Mais, au-delà, The Trim or the ScrewsThe Wings of DaveThe Golden Bowl, posent les problèmes des rapports humains, vus dans leur quotidienneté, et du sens que peut prendre une vie. Ses détracteurs, qui condamnent son esthétisme et sa préciosité, sont généralement les mêmes que les détracteurs de Marcel Proust.

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