Le quartier des galeries d’art, des boutiques de fringues branchées, des cafés et des restaurants en vogue, et des immeubles en cast-iron.
Contraction de SOuth HOuston, puisque situé au sud de Houston Street. Jusqu’au 18e siècle, le quartier resta rural. Un canal le limitait au sud. Pollué et nauséabond, il fut comblé au début du 19e siècle.
Il n’en reste pour tout souvenir que la rue du Canal : Canal Street.
Un élégant développement urbain allait, sous l’impulsion de John Astor, attirer de riches familles new-yorkaises dans de belles maisons de trois étages de style Greek Revival.
Mais Soho allait connaître à partir de 1860 un essor industriel synonyme d’un déclin de sa population.
Usines, entrepôts et bureaux s’emparèrent de l’ancien quartier
résidentiel et se développèrent jusqu’en 1890. Immeubles industriels, avec vastes magasins aux larges fenêtres protégées par des stores rayés, au rez-de-chaussée, et manufactures et entrepôts en étages, poussèrent comme des champignons le long des rues pavées.
On mettait alors en œuvre, pour soutenir le poids des bâtiments, un procédé architectural nouveau à base de fonte moulée, se substituant à merveille aux classiques armatures en ferronnerie :
le cast-iron, un matériau solide, aisément modulable et facile à mettre en œuvre.
Le cast-iron était moulé en usine selon toutes sortes de styles (Italien, Néo-Grec, Victorien, Empire, Gothique…) par Badger’s Architectural Iron Works.
Les pièces standardisées étaient assemblées sur place, boulonnées les unes aux autres comme un jeu de construction géant. Le procédé permettait d’assembler rapidement des immeubles d’un maximum de cinq à six étages. Les pièces de façade étaient ensuite recouvertes de peinture décorative.
L’expansion économique de Soho fut brève. Le déclin se produisit dans la première moitié du 20e siècle : obsolètes, inadaptés à l’industrie moderne, usines et entrepôts furent abandonnés.
Le quartier était sinistré, à l’abandon… Les incendies y étaient fréquents, la fonte offrant une médiocre résistance au feu.
Mais la nature, même en ville, ayant horreur du vide, les locaux désaffectés furent récupérés dès les années 1960 par des artistes, heureux de pouvoir installer leurs ateliers dans de vastes surfaces aux plafonds élevés et aux larges fenêtres propres à l’architecture en cast-iron, pour des prix dérisoires.
Une véritable colonie d’artistes, parmi lesquels Roy Liechtenstein ou Robert Rauschenberg, occupait Soho dans les années 1970, tandis que la ville classait District Historique un ensemble des 26 blocks d’immeubles.
La réputation de Soho était désormais faite. Autrefois à l’abandon, le quartier devenait à la mode et attirait une nouvelle clientèle de « bourgeois bohèmes » séduits par ces vastes lofts aux murs de brique.
Les artistes, ne pouvant conserver leurs vastes surfaces d’ateliers dont les prix avaient flambé, s’exilèrent vers les autres boroughs. Ils sont une poignée à s’être maintenus à Soho.
Les galeries, en revanche, occupent toujours les rues de Soho. La plus célèbre fut autrefois au 420 west Broadway, celle de Léo Castelli, avant qu’elle ne déménage sur la 77e rue. D’autres, moins connues du grand public, s’alignent toujours sur Prince street ou Green street.