Cette île de la baie de New York, à quelques encablures des côtes du New Jersey, fut entre 1892 et 1924, le point d’entrée d’environ douze millions d’immigrants, soit plus 70% de l’immigration totale aux Etats Unis durant cette période.
Avant 1892, le centre d’enregistrement des immigrants était situé à Battery Park, dans Fort Clinton, une ancienne forteresse construite pour se protéger des Anglais.
Devant l’afflux croissant des immigrants, le congrès ferma le jardin du fort pour construire un nouveau centre d’immigration à Ellis Island, capable d’accueillir dix mille immigrants par jour.
Le bâtiment d’origine, inauguré en 1892, fut détruit par un incendie en juin 1897 avec tous les dossiers d’enregistrement. Un nouveau bâtiment, en pierre et en brique fut alors construit.
La structure pouvait accueillir cinq cent mille personnes par an, mais c’était sans compter les vagues d’immigration importantes qu’entraînèrent les troubles révolutionnaires en Russie et ceux de la Première guerre mondiale en Europe.
Dans la seule journée du 17 avril 1907, plus de 11 747 personnes furent enregistrées à Ellis Island.
La majorité des immigrants voyageaient en troisième classe. Une paillasse sur un lit de fer, une salle d’eau commune constituaient leur maigre confort durant les douze jours de traversée.
Lorsque le bateau arrivait dans le port de New York, les passagers de première et de seconde classe, après un contrôle des douanes, étaient débarqués. Les autres, les plus nombreux, devaient inscrire leur nom, leur pays d’origine et un numéro sur une carte d’identification, avant d’être conduits, via un bac, à Ellis Island.
Arrivés dans le hall du bâtiment central, ils devaient déposer leurs valises à la salle des bagages, avec le risque de ne pas les revoir, puis se rendre dans le hall d’enregistrement.
Ils devaient alors subir un examen médical et un interrogatoire que les différences linguistiques rendaient source de malentendus et d’erreurs.
L’étape suivante était le bureau de change, où l’on convertissait sa monnaie locale en dollars, à des taux parfois fantaisistes.
La salle de gare constituait la dernière étape. Le bureau délivrait des billets de chemin de fer pour toutes les destinations à l’intérieur du pays.
La procédure prenait en moyenne six heures. Sur les 17 millions d’immigrants enregistrés à Ellis Island, 98 % furent admis.
En 1921, la première loi sur les quotas était adoptée : l’immigration fut limitée à 358 000 personnes par an.
Le quota de chaque nation ne devait pas dépasser 3% du nombre de compatriotes vivant aux USA selon le recensement de 1910.
En 1924, la loi sur l’immigration fut renforcée et le nombre d’immigrants réduit à 154 000, et les quotas nationaux à 2%.
Durant la Seconde guerre mondiale, Ellis Island fut transformée en centre de détention pour les prisonniers de guerre.
En 1954, l’île fut déclarée propriété de l’Etat fédéral et restaurée en vue du centenaire de la Statue de la Liberté.
Ellis Island est aujourd’hui un Musée de l’immigration qui possède deux salles de spectacles, des archives d’histoire orale, une bibliothèque et un Mur d’Honneur de l’Immigrant Américain. La Grande Salle est conservée telle qu’elle était entre 1918 et 1924 en souvenir des milliers d’immigrants qui ont franchi ce seuil.
On accède au Musée de l’Immigration d’Ellis Island par le ferry de Battery Park, qui dessert aussi la Satue de la Liberté. Le musée est ouvert tous les jours de 9h 30 à 17 h (parfois plus tard en été).