Chinatown s’édend schématiquement de Broadway, à l’ouest à Allen Street, à l’est; et de Delancey Street au nord (empiétant ainsi sur les limites traditionnelles de Little Italy), à Worth Street au sud. Les axes principaux en sont Canal Street (est-ouest), ainsi que Mulberry Street et Mott Street (nord-sud) dans leur partie sud, ces deux rues se prolongeant vers le nord dans Little Italy. On peut y accéder en métro par les stations Grand Street et Canal Street.
Cette enclave chinoise en territoire new-yorkais date de la fin des années 1850. Depuis des décennies déjà, des relations commerciales existaient entre la Chine et les Etats-Unis. Certains marins et commerçants chinois s’installèrent dans cette partie du Lower East Side et y établirent un commerce.
Très vite ils furent rejoints par d’autres immigrants, fuyant leurs pays pour des raisons économiques ou politiques…
Si en 1959 les immigrants chinois étaient estimés à cent-cinquante, leur nombre atteignit deux mille dans les années 1870 avec l’arrivée à New York d’une grande partie des chinois de Californie, alors embauchés pour la construction des voies ferrées transcontinentales.
Le nombre des Sino-américains atteignait quelque 70 000 en 1985 et dépasserait sans doute aujourd’hui les 135 000.
A l’origine, les Chinois durent se limiter à un certain nombre d’activités très réglementées, comme la blanchisserie, secteur demandant peu de moyens financier et peu de connaissance de la langue anglaise.
Avec l’ouverture des premiers restaurants au tout début du 20e siècle, les visiteurs arrivèrent des divers quartiers de la ville et Chinatown devint une attraction aux yeux des newyorkais.
Pour résoudre les divers conflits pouvant s’élever dans la communauté, les Chinois avaient coutume de s’en remettre à des organisations fraternelles appelées Tong ou triades. Certaines, comme le Hip Sing ou le On Leong, devinrent puissantes et entrèrent en concurrence les unes avec les autres afin d’exercer leur domination sur les différents secteurs de Chinatown.
Une Guerre des Tong défraya la chronique de la ville vers la fin du 19e siècle et jusqu’aux années 1920. Des conflits entre les triades se réglaient sans diplomatie dans le coude de la pittoresque Doyers Street, alors parfois surnommé Bloody Angle…
Les imigrants chinois ne sont plus tenus, comme autrefois, de s’installer à Chinatown : le quartier ne compte aujourd’hui que 30 % de la population asiatique de New York. Et la Chine n’est plus comme autrefois le seul pays d’origine des habitants de Chinatown, lesquels viennent aussi de Birmanie, du Vietnam, des Philippines… et même d’Amérique Centrale.
Chinatown est un quartier populaire où se succèdent de petits immeubles de brique sans luxe, aux escaliers de secours apparents. Les commerces sont nombreux, bardés d’enseignes et de néons. Restaurants, magasins de souvenirs, électronique, petits super-marchés alimentaires, étals de poissons, traiteurs… Les soirs d’été le quartier est une ruche ou se mêlent sons et parfums exotiques.
Columbus Park
Dans le calme du dimanche matin de vieux Chinois pratiquent en groupe ou en solitaire cette danse méditative et lente qu’est le Thai-chi-chuan au son de musiques d’extrême orient tandis que d’autres jouent au séculaire mahjong.
Dépaysement garanti. Les autres jours, le parc accueille les jeux de ballon sur ses divers terrains. Les jours de fête, et notamment lors du Colombus Day, on vient ici déjeuner en plein air et écouter des concerts.
Mott Street
L’artère principale de Chinatown. Longue rue, elle se poursuit vers le nord en direction de Little Italy, de l’autre côté de Canal Street. Au numéro 12,Sun Yat-Sen, premier président de la République de Chine tenait des réunions secrètes au Kaoshen Club, travaillant au renversement de la Chine impériale.
Au n° 32, ne manquez pas Quong Yuen Shing & cie, le plus ancien magasin conservé de Chinatown, fondé en 1891 par la famille Lee.
Au N° 29, l’église des catholiques chinois, Transfiguration Catholic Church, construite en 1801 et fut d’abord un temple luthérien avant d’être vendue à l’Eglise catholique en 1853. La messe y est dite en cantonais, en mandarin et en anglais.
Peel Street
Encore appelée « Haircut street » en raison du nombre de coiffeurs qui s’y sont installés. Au n°16, Hip Sing Tong est un Tong des temps nouveaux : à vocation sociale et d’accueil des nouveaux immigrants. Dans le même secteur et un peu au sud de Peel Street, vous découvrirez le célèbre et trés photogénique coude de Doyer Street, réputé pour les règlements de compte qui s’y tinrent autrefois.
Le Museum of Chinese in the Americas
Sur Mulberry et Bayard Street. Tout ce que vous voulez savoir sur l’implantation des communautés asiatiques en Amérique du Nord. En bas du musée, le Mur de la Démocratie est chaque jour recouvert de journaux dont les articles traitent de la situation politique en Chine.
Profitez d’un dimanche à Chinatown, pour aller déguster quelques dim sum, une infinité de spécialités cantonaises servies en petites portions de trois ou quatre pièces. Des dim sum au poisson, à la viande, végétariens, frits ou cuits à la vapeur, que vous choisissez sur un chariot poussé de table en table par la serveuse.
Les Five Points
Il y a un peu plus d’un siècle, jusqu’à sa disparition pour cause d’insalubrité en 1892, commençait ici (et plus précisément à l’angle des Mosco, Worth and Baxter Streets) le terrible et dangereux quartier deFive Points, quartier délabré sur lequel régnait la communauté irlandaise.
Un quartier marécageux auquel aboutissaient cinq rues sur une place nomméeParadise Square.
Quartier de « tenements » (locations précaires) parfois nommé « Bloody Ould Sixth » (le sacré vieux sixième district), dans lequel prospéraient des tavernes sordides et d’immenses brasseries où se retrouvaient marins en escale, esclaves libérés ou mafieux irlandais…
Le quartier souffrait d’une image tellement mauvaise qu’il en acquit même une certaine réputation : Charles Dickens vint le visiter en 1842 et en fit une description dans ses American Notes en 1842.
Le journaliste Jacob Riis (1849-1914) en dénonça la misère dans son ouvrage sur les bas quartiers de New York, How the Other Half Lives (comment vit l’autre moitié). Il est à l’origine de la création de Colombus Park dans les années 1890.