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Jackson Pollock et l’Action Painting

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Il est des mouvements dans l’art aussi variés que des bulletins météorologiques : d’une année à l’autre, à la vitesse des progrès technologiques dans la communication, ils nous font part des changements climatiques (artistiques). Mais depuis quelque temps, une tendance prend le dessus : sous les tableaux ( œuvres d’art ?) l’explication est simple : Untitled ! ( Sans titre). 

Par André Girod

Jackson Pollock est devenu ainsi l’artiste qui libère le regard de l’autre et ne veut en aucun cas le convaincre que son travail est une œuvre d’art. C’est à chacun en son âme, conscience, sens de l’éthique de contempler le tableau pour ce qu’il est : une expression artistique du monde de l’artiste.

Mais malgré cette intention voulue de se libérer de tout canon artistique conventionnel, il n’en est pas moins que Jackson Pollock est un homme avant d’être un artiste et en tant que tel, il laisse une mémoire civile : il est américain, il a des parents et a suivi un cursus avant d’être peintre.

Jackson Pollock est né à Cody, Wyoming le 28 janvier 1912 et fut tué dans un accident de voiture près de chez lui à Spring, Long Island, New York le 11 août 1956. Résultat d’un alcoolisme avancé !

 

Croyant fermement que le lieu de naissance joue un rôle important dans la vie de quiconque, je ne peux m’empêcher de m’arrêter quelques instants sur Cody, WY. C’est en plein pays de Buffalo Bill, l’un des plus connus exterminateurs de la race des bisons en Amérique. Pays des rebelles, des indisciplinés, des aventuriers, des « tireurs à vue », des légendes de l’Amérique. Ce très fort caractère fit que Pollock fut constamment renvoyé des écoles qu’il fréquentait et qu’il avait socialement une chance indéniable de briser toutes conventions. De plus il voulait oublier le monde duquel sortaient ses parents : Tingley, Iowa ( Ma parole, cet état joue un rôle hors du commun dans l’histoire des Etats-Unis !), fermiers, presbytériens ( qu’on se rappelle Grant Wood !).

Ses débuts artistiques commencent par de la peinture abstraite ( Impressionnisme) mais cela ne lui convient pas car elle est encore trop représentative d’un mouvement du siècle passé. Il faut TOUT briser, comme le fait une guerre. D’abord ne plus peindre dans la position si souvent photographiée auparavant : l’artiste, un chapeau sur la tête, assis sur un tabouret, sa toile sur un chevalet, souvent abrité d’un parasol. C’est Monet et bien d’autres ! Il ne veut pas de cette image désuète : plus de chevalet, plus de chapeau, plus de tabouret, plus de parasol. La toile est mise au sol, à plat et il peint comme s’il se saignait les veines : la peinture liquide doit tomber du bout de ses doigts. C’est le «  paint pouring » ou le «  paint dripping », ce qui lui valut le surnom de « Jack the Dripper » équivalent de «  Jack the Ripper » de renommée célèbre à Londres. Il utilise, pour faire oublier les délicats pinceaux des artistes d’antan, la seringue, le balai, les bâtons et des brosses de toutes tailles.

« Ma peinture ne vient pas du chevalet. Je préfère clouer la toile sur le plancher. Sur le plancher, je me sens plus à l’aise. Je ne sens plus près, plus part du tableau puisque de cette façon, je peux en faire le tour, travailler des quatre côtés et littéralement être dans l’œuvre. »

Ainsi absorbé par le geste, l’envergure de la toile, ce qui donne au hasard une part importante dans la conception de l’œuvre, il n’a pas conscience de ce que sera le travail terminé. Et le sera-t-il jamais ? Car Pollock souvent intervient sur des toiles qui semblent être finales mais il y ajoute quelques touches.

 » Quand je suis dans ma peinture, je n’ai pas conscience de ce que je fais ! »

Alors que l’artiste ignore quel sera le résultat de son élucubration, comment le spectateur peut-il véritablement comprendre ce que voulait exprimer l’artiste et surtout ce qu’il voulait représenter. Il recherche «  pure harmony ». Il veut mettre un terme à la recherche consciente de l’observateur d’éléments représentatifs dans ses peintures. Puisqu’il n’avait aucune idée de ce qu’il faisait, il ne peut guider le visiteur par un titre, d’où ses œuvres numérotées et intitulées : « untitled » ( Sans titre)

 

Par conséquent le terme de «  sanstitrisme » s’applique bien à son travail. Il le reconnaît lui-même :

« Regarde d’une façon passive ce que le tableau a à offrir et n’apporte pas un sujet ou une idée préconçue à ce qu’ils ( spectateurs) pourraient chercher ! »

Sa femme Lee Krasner dira des œuvres de Pollock que c’était de la «  pure painting ».

 C’est ce qu’est le sanstitrisme : la révélation d’une peinture pure qui n’est aucunement le reflet d’un vision réelle de ce qui fut, est ou sera.

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