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Vanity Plates, Les plaques d’Immatriculation de prestige

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La liberté de parole et d’opinions apparaît dans toute sa splendeur sur ces plaques. Mais rien de plus difficile que d’afficher son message en moins de 7 à 8 lettres et chiffres selon les Etats.

Par André Girod

En arrivant à Cedar Rapids, en Iowa, en 1965, je fus surpris de lire sur une plaque d’immatriculation, le prénom du propriétaire.

De plus, il semblait porter, comme les anciens rois de France ou de la pop, un titre plutôt original : « Johny 1 » comme s’il était le premier d’une longue lignée monarchique. Alors je lui demandai comment il avait fait pour avoir un tel numéro et il me répondit : « Vanity Plate ! ».

Ce qu’il m’expliquait, c’est qu’il était possible d’avoir, comme immatriculation de sa voiture auprès de l’état, un numéro spécial dont il serait le seul titulaire. Rien de plus facile si l’on était prêt à payer un supplément et que le slogan ne soit pas outrancier.

Je n’ai jamais été tenté d’avoir une « Vanity plate » et si je le faisais maintenant, il y a mille idées qui me courent la tête. Je me contenterai de la seule plaque que j’ai ramenée des Etats-Unis : ma première, pour ma Ford Fairlane : KN4873 valable jusqu’en août 60 !

 

Alors, lors de mes nombreux déplacements à travers les Etats-Unis, il m’amusait de repérer ces plaques de prestige, prestige parfois déplacé. Dans tous les Etats, c’est une source de revenu importante puisque le secrétaire d’état chargé des finances joue sur l’ego des conducteurs pour empocher de substantiels revenus.

Les statistiques montrent que celles et ceux qui veulent sortir du lot et se distinguer sur les routes d’Amérique, sont nombreux : 9,7 millions de plaques personnalisées en 2007, selon les chiffres de l’ « American Association Motor Vehicle Adminitrators » ( AAMVA) sur un total de 242 991 747 véhicules. Soit près de 4% des conducteurs. L’Etat de Virginie mène la danse ! Pas surprenant, c’est l’Etat proche de Washington DC, là où habitent tous les gnomes de l’administration américaine et les hauts fonctionnaires qui aiment se mettre en avant dans les médias. Ils tiennent à faire savoir qui ils sont, ceux qui représentent le pouvoir fédéral en Amérique ! Alors lorsqu’un petit agent de police voit une grosse cylindrée avec une « vanity plate » qui indique « HILLARY 1 » ou  « TRODHAM« , il s’écarte prudemment du véhicule et n’ose le verbaliser ! Je me demande quelle serait la mention particulière sur la voiture de Carla  : « CARLA 1 » ou de son époux : « NICOLAS 1 » si ce système était autorisé en France. Inutile de demander qui conduirait la voiture immatriculée : « CLAIRE 1 » ou celle de mon propriétaire de Cedar Rapids : « JOHNY 1 » ?

Cet égocentrisme qui existe à plus ou moins forte dose chez chacun d’entre nous, se traduit par l’expression de sentiments, croyances, idéologie, identité, message ou slogan.  Un article dernièrement paru dans le grand journal américain « USA Today » est significatif de la crise actuelle. Tous les Etats cherchent de nouvelles recettes pour boucher leur déficit. Le titre indique la démarche à suivre pour les élus !


« St8s exploring logos on Pl8s »

D’abord traduisons l’annonce : le chiffe 8 (eight) se prononce un peu comme la diphtongue ATE, (rappelez-vous le « prétérit » du verbe to EAT, manger) en anglais. Remplaçons le 8 par ATE et nous avons : « States exploring logos on plates » Voilà le tour est joué ! L’Américain s’amuse à remplacer,  ce qui fait la force de l’anglais par rapport au français, surtout à notre époque informatique du texto et autres, des lettres par des chiffres. Il y a alors un raccourci de la pensée. Exemple : « car4sale« . Je traduis : « car for sale« , voiture à vendre. A l’heure actuelle, les jeunes sont friands de ce genre de communication, des rébus et des énigmes à longueur de journée !

Revenons à cet article sur les logos :

«  The revenue from specialty corporate licence plates will help make up for budget déficits » ( Les revenus des plaques spécialisées des entreprises aideront à boucher les déficits)

En effet plusieurs états lancent l’idée de nouvelles plaques : indication publicitaire de la boite pour laquelle vous travaillez. Sur la photo, le couple gère une agence immobilière : REMAX, très connue aux Etats-Unis. Le mari devient : « MRREMX » et la femme : « MSREMX« . Tout le monde peut lire REMAX, même si le A manque.

Quant au rapport financier pour les Etats, il est considérable. Katherine Lackey de USA Today le confirme dans son article. Le Texas, premier état à inaugurer cette possibilité, a déjà vendu plus de 28 000 plaques, pour un revenu de 2,1 millions de dollars. En Virginie, chaque entreprise qui souhaiterait  fournir en plaques ses employés (excellente publicité sur les routes) doit verser 4 500 dollars au départ, plus le prix de la plaque à 70 dollars. Un pactole pour l’Etat de Virginia !

 

Cette publicité ambulante peut être lancée par n’importe qui mais elle n’a pas attendu une loi ou une autorisation administrative pour se faire. Depuis longtemps, beaucoup expriment leurs opinions ou déclinent leur identité en se vantant ou s’exhibant sur des plaques d’immatriculation. Au début c’étaient plus comme des plaques d’identité, celles que portent les soldats qui partent au combat. Faciles à retenir quand il faut donner ses numéros d’immatriculation. Je me souviens d’un accident que j’ai eu aux States : à un stop, la voiture suivante est rentrée dans la mienne et j’ai vite retenu l’identité du coupable : « Peter2« , disait la plaque !

La liberté de parole et d’opinions apparaît dans toute sa splendeur sur ces plaques. Mais rien de plus difficile que d’afficher son message en moins de 7 à 8 lettres  et chiffres selon les Etats. Essayez ! Pourtant Twitter devrait former une génération de grands penseurs en peu de mots ! Ceux qui cherchaient à s’identifier grâce à un numéro d’identité avaient déjà, comme Mr Jourdain, « Twitté » sans le savoir !

 

Que peut-on présenter sur ces immatriculations. A part les insultes ou incitations à la haine, tout est permis. D’abord l’identité comme  JOHN JO à New York (ce sont Monsieur John et Madame Jo), MR LIMA ou CHARLIEM ou plus connu QUAYLE1 à Washington ( Quayle candidat à la vice présidence des Etats-Unis : il fut battu !! sa plaque n’avait servi à rien !).  E GORE ,Indiana, rien à voir avec l’autre !

Une profession : TEACH à New York. EDUK8TR dans le Michigan.

Une tendance religieuse : GODZGUD ( Virginia), ATHEIST (Florida), JESUS ( Illinois), ALL4GOD ( Florida)

Une opinion politique : NOBAMA en Arizona, pays de l’ultra conservateur Barry Goldwater. TAXEDMaine ou NO TAX, Florida. CHUVIT est irrévérencieux

Handicapé : 1LEG ( unijambiste !)

Jugement personnel : IAMTEN ( I am ten : Je vaux 10, c’est la note maximum pour une beauté !). Une autre : 2GOOD4U ( Too good for you : je suis trop bien pour toi !)

Un pied de nez à celui qui suit : 2FAST4U ( too fast for you : trop rapide pour toi) Essayons en français de mettre cette plaque en 7 lettres et chiffres !

Autre pied de nez :  IMB4U  ( I am before you : je suis devant toi !)

Avis personnel :  IH8DST8  ( Qui devine, réponse à la fin de l’article !!)

Interpellation douteuse : RU18QT  ( Là aussi réponse à la fin de l’article)

Etat d’esprit : ZZZZZZZ ( A vous de traduire !)

 

Proposition : IMZ14U. Allons, je vous aide : I am ze one for you ! Je suis celui qu’il te faut ! Sans doute une plaque demandée par un Français pour deux raisons : Il zézaie ses THE  et il drague !

Je réserve la palme à une plaque de Virginia. A se demander comment elle a pu être acceptée ? La plaque est : AGINA, rien de particulier mais l’état utilise la lettre V pour être reconnu et elle est placée devant le mot. La photo montre ce que cela donne !

C’est un réel plaisir quand la route est longue et monotone, de jouer aux plaques d’immatriculation. Je le faisais avec mes filles en France en essayant de trouver le plus de départements possibles, ce qui est à présent impossible. Mais les jeux électroniques ont remplacé ce genre d’intérêt pour occuper les enfants. Heureusement qu’il nous reste l’Amérique pour s’amuser avec les plaques d’immatriculation.

 

Alors pourquoi pas un divertissement si vous partez aux Etats-Unis, une sorte de grand concours : qui verra le plus de « vanity plates » et qui les prendra en photo pour agrandir notre collection. N’hésitez pas à les envoyer pour les mettre avec cet article.

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