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Comment enseigner à des enfants les bases de l’Anglais?

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Un sujet énorme comme une encyclopédie, tellement de méthodes pour faciliter l’apprentissage d’une langue ont été « inventées ». Toutes plus miraculeuses les unes que les autres !

Par André Girod

Un sujet énorme comme une encyclopédie, tellement de méthodes pour faciliter l’apprentissage d’une langue ont été «  inventées ». Toutes plus miraculeuses les unes que les autres !

Mais avant d’expliquer la méthode utilisée pour l’apprentissage du français et de l’anglais dans «  la classe franco-américaine », faisons un tour d’horizon de ce qui est offert dans la matière.

 

La méthode la plus connue depuis longtemps est la méthode BERLITZ. Comme beaucoup de découvertes, elle est le fruit du hasard et d’une grave erreur ! L’inventeur de cette méthode, employée dans de nombreux pays à travers les «  Berlitz Language Schools » est Maximilian D. BERLITZ, né en Allemagne le 14 avril 1852 et mort à New York, le 6 avril 1921. Orphelin très jeune, il va vivre en France puis émigre aux Etats-Unis où il devient professeur de français et d’allemand dans une école privée à Providence, Rhode Island. Mais le directeur de l’établissement disparaît un jour avec la caisse ! Et Maximilian, pour sauver l’école, en prend la direction. Or ses responsabilités administratives l’obligent à abandonner lui-même l’enseignement du français. Alors il prend les services d’un Français avec qui il correspondait en français, Nicolas Joly. Dés son arrivée en Amérique, Maximilian s’aperçoit que Joly ne parle pas un mot d’anglais et il doit enseigner dans les jours qui suivent. Alors il permet à Joly de tout enseigner en français, ordres et explications ! Avec des gestes, des mimiques, en pointant du doigt les objets, Joly réussit à motiver ses étudiants et les résultats sont spectaculaires.

 

Sans le savoir, Berlitz vient de concevoir une « méthode naturelle » d’apprendre une langue : celle de tous les nouveaux-nés. Elle est empirique, pragmatique, naturelle. Dés le premier contact,  les étudiants sont plongés dans le «bain linguistique » et saisissent rapidement le vocabulaire nécessaire pour « survivre ».

 

Comme professeur de linguistique, je me suis très vite intéressé à la meilleure façon d’enseigner les principes de base d’une langue pour pouvoir communiquer rapidement. Mes expériences dans les Instituts NDEA ( National Defense Education Act) avec leur travail de laboratoire, m’ont indiqué que pour des enfants, la méthode doit ressembler à celle qu’ils ont utilisée pour apprendre leur propre langue.

 

Je ne vais pas vous entraîner sous les arcanes mystérieuses de la linguistique mais simplement dire  deux mots :

D’abord la parole est universelle mais pas l’écriture. De nombreuses civilisations n’avaient pas eu d’écrit.

Puis l’enfant commence par apprendre la parole avant d’étudier l’écrit : on parle avant d’écrire et beaucoup parlent mais n’écrivent pas ou ne lisent pas. L’illettrisme est l’exemple même de cette communication possible et immédiate sans recourir à une forme plus complexe, l’écriture.

 

De ces deux explications, on peut déduire qu’avec des enfants jeunes, il faut employer uniquement l’oral pour enseigner une langue étrangère.

 

Une revue succincte de l’enseignement d’une langue étrangère en France
Il m’est douloureux de parler de la manière dont j’ai appris l’anglais au lycée dans les années 50. Rien ne me permettait, après six ans d’études, de me déplacer aisément en Angleterre. Je pouvais réciter par cœur une liste de verbes irréguliers mais ne savais pas demander où étaient les toilettes. Je pouvais me perdre en pleine gare de Waterloo ( j’aurais dû choisir une autre gare !), je déclamais «Daffodils » et quelques vers de Shakespeare et rien d’autre.

 

L’enseignement en France était académique et faisait partie de la culture générale que l’on inculquait aux jeunes Français. Avec ces quelques mots mal assimilés, je partis à 15 ans dans un camp agricole où toute la journée, je ramassais des carottes ou des petits pois. Le soir c’était une cour discrète auprès des petites anglaises et un vocabulaire romantique s’apprenait vite. Sans plus ! Mais ce bain dans un milieu nullement sophistiqué nous endurcissait le cuir et nous permettait de parler sans complexe de faire des erreurs. L’enseignement y était donc agréable et sympathique mais pas toujours très châtié.

 

Mais j’avais repéré un moyen de renforcer la mémoire et l’utilisation quasi immédiate du vocabulaire pour deux raisons : d’abord voir si je l’avais mémorisé comme il convenait et deuxièmement pour voir la réaction des interlocuteurs quand je l’employais. Pour cette raison aussitôt que j’apprenais une expression nouvelle, un colloquialisme  qui me marquait, j’insistais pour l’utiliser dans la demi-heure qui suivait. Avec des conséquences parfois terribles.

 

Donc systématiquement vous apprenez quelque chose de nouveau dans un contexte que vous avez bien saisi, alors rejouez la scène.

 

Mais lorsqu’il fallut organiser la structure d’une méthode pour des enfants de 9/10 ans, elle devait être simple, efficace et ludique. Alors je m’interrogeai sur ce dont devaient prendre connaissance ces gamins pour survivre seuls dans une famille américaine ou ajoutés à une classe d’enfants américains dont l’enseignement se faisait en anglais. Il ne fallait pas les décourager mais leur montrer qu’avec peu de mots ils s’en sortaient bien. Nous choisîmes en premier les classes de mathématiques. Très faciles pour eux d’apprendre leurs chiffres et de participer activement aux exercices.

 

Commençons avec moi les «  mathematics »

Addition : «  additions », soustractions «  substractions » multiplications « multiplications », divisions « divisions ». Vous êtes prêts à vous inscrire à des cours de maths en anglais !

 

On continue : total « total »,  résultat «  result », plus «  plus », moins «  minus », divisé par «  divided by », multiplié par « multiplied by ». Plus compliqué : fraction «  fraction », équation «  equation ».

 

Ce que j’essaie de montrer par ces exemples, c’est qu’avant de commencer l’étude de l’anglais, vous avez déjà plus de DEUX MILLE mots de vocabulaire anglais dans la tête. Le seul problème, c’est la prononciation. Et là on enseigne la phonétique classique qui peut s’appliquer automatiquement à tout le vocabulaire. Seul l’enseignement oral vous l’apprendra.

 

Par conséquent l’enfant se sent déjà à l’aise si on lui  révèle la clef de la phonétique.

 

Maintenant passons à l’étude des « pivots » autour desquels vont s’articuler tous les thèmes. Pour les enfants, ils veulent savoir : quand, où, comment, quoi, pourquoi ? Tout ce qu’il faut connaître pour s’en sortir.

 

Les pivots seront donc

When, where, how, what, why ?

Puis comme au cinéma «  action » action : le verbe .

D’abord on montre la simplicité de l’anglais sur le français et l’exemple du verbe « aller »  sera là pour prouver notre point. En anglais, nous ne trouvons pour tous les temps, toutes les personnes, que CINQ formes du verbe : go, goes, went, gone, going ! Inutile de compter les formes en français ! Les enfants se rassurent, c’est fastoche !

Il en est de même pour les verbes «  be », «  have », et les autres verbes. Quant aux temps, oublions le subjonctif !

 

Mais pour commencer à communiquer comme des petits anglais qui apprennent leur langue maternelle, il est nécessaire de jouer au logo. C’est comme cela que s’est construit une langue que beaucoup auraient souhaitée universelle : l’espéranto.

 

Utilisons donc nos pivots et du vocabulaire qui correspond à leurs besoins et leurs désirs. Envisageons ce qu’ils auront à employer : à l’école, dans la cour, à la maison, pour manger, pour aller se coucher, pour jouer, pour la salle de bain et éventuellement pour se déplacer. School, kitchen, bedroom, food ( pas forcément fast !), bath, recreation, classroom.

 

Alors imaginons un petit français à la cantine de l’école américaine : il lui faut un plateau, une fourchette, un couteau, une cuillère et une assiette. Puis il recevra sa nourriture. Cinq mots à mémoriser : tray, fork, knife, spoon et plate.

 

Il ne trouve pas ces ustensiles, pas de panique car il utilise la construction linguistique suivante : pivot + verbe + objet :

Où est la cuillère ( on ne pense pas au pluriel puisqu’il n’en a besoin que d’une !)

Where is spoon ? ( délibérément il ne sera pas repris tout de suite pour avoir oublié l’article « the », car la phrase a du sens )

Il cherche la fourchette : where is fork ? et ainsi de suite jusqu’à ce qu’il ait ce qui lui faut.

Quand il sort de l’école pour rentrer chez lui en autocar, il dit where is bus ?

 

On peut passer au pivot  suivant : quand : when

Même démarche : il s’agit de se FAIRE COMPRENDRE, pas de passer une agrégation en anglais ou de jouer une pièce de théâtre.

 

L’heure des activités «  activities »

When is mathematics ( encore une fois on oublie le pluriel), when is lunchwhen is superwhen is bed ?

Il prends son bus : when is bus ?

 

On fait un pas de plus en ajoutant : what time ?

What time is bus, what time is gymnastics, what time is recreation, what time is bed ?

On le comprend, on lui répond, il est fier et il s’est bien amusé !

 

Pourquoi parfois cette facilité de langage ? Parce que la base de l’anglais moderne est le français apporté par les Normands en Angleterre après la bataille d’Hastings en 1066.

 

Autre pivot : le plus facile : what

Pour connaître le nom des objets, il était conseillé aux enfants de demander constamment le nom des objets qui étaient autour d’eux. Ils s’aidaient du doigt : what is this ? et il apprenait le mot. Cependant, il ne lui suffisait pas d’enregistrer le vocabulaire encore fallait-il qu’il le répète immédiatement :

What is this This is a fork, l’enfant répète : this is a fork. Il montre ainsi qu’il a appris le mot, qu’il a essayé de le prononcer correctement pendant que l’enregistrement était frais. Puis il répète sa leçon autour de la table en prenant sa fourchette et en la montrant : this is fork. Cela fera rire ceux autour de la table et détendra l’atmosphère. C’est ludique et apporte un énorme plaisir.

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