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A la rencontre des Américains – Rencontres insolites 3

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Un immigrant, un artiste, un viticulteur, des vendangeurs, un passionné des dinosaures, des aspirants navigateurs… C’est la suite des insolites rencontres américaines d’André Girod, au fil de la californienne Route 41.

 

Michael, fruit of the melting pot 

Pour atténuer l’effet de la cuisine indienne, nous allons dans un restaurant Applebee’s, grand chaine américaine. Un serveur s’approche et nous entend parler français. Il nous déclare spontanément que sa grand-mère est française. Elle vient de la «Riviera ». Curieux, des questions fusent : et votre père ? Alors comme il y avait très peu de clients, Michael parle de son arbre généalogique. Son grand-père est cubain et, en 1959, a fui Cuba alors tombé entre les mains de Fidel Castro. Il atterrit à New York où il épouse une hongroise. Du côté de sa mère, la grand-mère vient de France et s’établit en Louisiane. Elle épouse un américain d’origine indienne.

Michael est vraiment le fruit de ce creuset ( melting pot) où se mélangeaient toutes les nationalités, toutes les races, toutes les religions, toutes les opinions.

 

 

Giovanni, the California bear wood sculptor

Giovanni est aussi un mélange. Son père et sa mère viennent de Naples et ont émigré aux Etats-Unis dans les années soixante. Il ne parle pas italien car utiliser cette langue était interdit à la maison : les rejetons devaient s’intégrer le plus rapidement possible dans la culture américaine pour faire oublier leur origine. Cette approche s’est modifiée vers les années 1990 et maintenant il y a une certaine fierté à enseigner sa langue maternelle à ses enfants.

Giovanni s’est établi à la sortie du «  Sequoia National Park  » . Dans son atelier, il sculpte surtout des ours. Comme on ne voit plus les vrais au bord des routes, à la suite d’une forte fréquentation des parcs par les touristes, il a décidé de les tailler dans le bois et de les vendre. Il sculpte un ours en cinq minutes et le vend $40,00. Il alimente les magasins de souvenirs dans les parcs ou les sites touristiques et ses affaires marchent très fort. Il sculpte environ 15 000 ours par an et ils sont tous vendus. Il utilise diverses scies électriques et son coup de main est formidable.

 

Gary, the California Winery owner 

Il y a tellement de surprises ( bonnes) sur les petites routes touristiques ! La vitesse réduite permet d’observer et de s’arrêter quand quelque attraction attire votre regard. Sur la route 46, qui épouse parfaitement les contours des collines longeant le Pacifique près de Cumbria et donne cette impression d’être embarqué sur un grand huit, un étrange bâtiment surprend. De loin il ressemble à un château fort, genre 14e siècle tels qu’on les voit dans le cinéma hollywoodien : des créneaux, des tours, de hauts murs avec des fenêtres en ogive. Le détour vaut peut-être le coup ! Coup de volant à droite et l’entrée monumentale nous accueille. De bas du chemin, la façade est impressionnante. C’est une cave ( winery). Des douves entourent le château qui porte le nom de : Eagle Castle ( Château de l’aigle). L’intérieur, dés les énormes portes de chêne franchies, vous transporte dans le monde merveilleux du Moyen Age. Les plafonds sont formés de voûtes et un long bar attend les clients. Derrière, Patrick et Ray, tout sourire, vous attendent. Un verre vous est tendu pour goûter un rouge à la splendide robe.

Tout à coup, quelle chance !, apparaît le propriétaire. Gary est heureux de nous recevoir. Jovial, il parlera longuement de son chais et de ses vins. Les raisins utilisés sont du merlot, zinfandel, syrah et du cabernet. Le domaine fait 24 acres ( 9,7 hectares). Il produit 10 000 cartons de six bouteilles chacun par an qui sont surtout consommées en Californie. Très vite, je sympathise avec lui et il répond aimablement aux questions. Pourquoi un château avec douves ? Gary a beaucoup voyagé en Europe et il est d’origine européenne : son père est Allemand et sa mère Portugaise. Normal qu’il pense à «  cave » sous la forme d’un château. Il a construit lui-même les gigantesques portes qui ferment le bâtiment et au-dessus desquelles trône une herse. Il n’a fait que copier ces portes de celles qu’il a vues à Budapest. Sa femme Mary Lou s’est occupée de la décoration intérieure, les plafonds, les poutres.

Le lieu est si grandiose qu’il sert pour des réceptions, mariages, «  High school proms » ( fêtes pour lycéens en fin d’année scolaire). Un film a même été tourné sur place. Certains de ses voisins ( un tantinet jaloux du succès de sa cave) pensent que c’est Disneyland qui a construit l’ensemble !

En tout cas, si vous prenez la 46 pour aller visiter «  Hearst Castle » l’incroyable demeure du roi de la presse William Hearst, n’oubliez pas de vous arrêter au « Eagle Castle » : vous y serez reçu comme des rois ! Facile à trouver, le bâtiment est remarquable !

Nous quittâmes la cave «  Eagle Castle » avec sous le bras une bonne bouteille de vin à l’effigie des jeunes mariés royaux d’Angleterre. L’un des ancêtres de Gary venait d’Angleterre et avait été membre de la «  House of Commons » (  chambre des députés) !

 

Jose, the grape pickers group manager 

Avant de voir arriver le vin sur la table, il y a toute une procédure qu’il faut suivre avec minutie : ce sont les vendanges. Jose est celui qui s’en occupe sur un grand domaine à cheval sur la route 41. D’origine mexicaine, il vit aux Etats-Unis depuis 28 ans. Les vignes couvrent 1 100 acres ( 445 hectares) dont une grande partie produit des raisins de table. Surpris de voir débarquer des Français au milieu de ses vignes, il va répondre gentiment aux questions puisque celui qui l’interroge parle l’espagnol ( presque) couramment. Les vignes produisent 4 tonnes à l’acre ( 0,4 hectare). Des groupes de 4 à 5 employés sont déjà au travail et entassent  avec soin les raisins dans des cagettes en plastique. Un groupe de trois ramasse environ 500 livres (228 kilos) par jour et il faudra plusieurs semaines pour terminer les vendanges. Un détail étrange attire l’œil du reporter : toutes les rangées de pieds de vignes sont recouvertes d’un long plastique blanc, enlevé à la fin des vendanges. Jose explique qu’il sert à protéger les raisins de la pluie et de la grêle. Ainsi les désastres sont évités comme ce n’est pas le cas en France.

Jose nous donne une grappe de raisins avant de partir mais au moment de monter dans la voiture, un  ouvrier agricole nous court après pour nous donner un panier d’environ 5 kilos de magnifiques grappes ! De quoi nous réjouir dans les jours qui suivent. Merci à Jose et à ses équipes de nous avoir accueillis !

Shane, the dinosaur’s garden owner’s son 

La route 41 ( Road 41) est vraiment un chemin plein de surprise comme le sont toutes ces petites routes paisibles de campagne. A un virage, un monde fantastique nous attend : un  jardin en pente sur lequel s’ébattent une bonne trentaine de dinosaures. Quel est l’individu qui a pu décorer un tel lieu ? Curieux nous arrêtons la voiture ( le temps n’est pas compté pour ceux qui voyagent avec l’attitude « kairos« ) et à pieds nous montons vers la maison. C’est Shane qui nous reçoit : étudiant, il est là par hasard ! Il nous explique que c’est l’idée de son père qui un jour a reçu d’un ami un dinosaure en métal qu’il avait fabriqué . Il l’installa alors au beau milieu de son jardin. Puis un autre ! Enfin trente vinrent élire domicile sur ce beau terrain en pente. Mais les visiteurs ( nombreux en été !) peuvent monter jusqu’à la maison car il y a une boutique qui vend des planches de surf ( faites par le père). Le Pacifique avec ses vagues géantes est à vingt kilomètres. Très sympathique visite !

Garrett and Ruth, the future adventurous sailors

Une bourgade à ne pas manquer : Morro Bay au bout de la route 41 sur le Pacifique. Un énorme rocher barre le port et sert de décor à de belles photos. Comme il est midi, il est temps de choisir un restaurant. Isolé en bord de mer, il est décoré de motifs hawaïens. Son nom : Harbor Hut. Près de la vaste baie donnant sur le port, nous nous installons. Il y a très peu de monde, la saison des troupeaux de touristes est terminée. Quelques locaux sont là pour déguster une bière et du poisson. Le menu intrigue surtout la page des huîtres et elle vaut le coup d’être reproduite :

Oyster Rockefeller : spinach, cream cheese.

Oyster Imperial : spinach,sherry,Romano cheese, Parmesan and baby shrimps.

Oysters Kilpatrick : bacon, green onions, Worcester sauce.

Oysters Franklin : mesquite broiled in the shell with fresh garlic butter.

Ces plats d’huitres semblent excellents et originaux.

J’opte pour le dernier : Oysters Franklin.

Un délice !

Mais à travers la vitre, un incident bizarre se déroule. Sur un vieux rafiot en cours de restauration, trois jeunes gens viennent de monter. L’un d’eux allume un feu de barbecue. Les flammes s’élèvent dans le ciel. Mais! Il va bien mettre le feu au bateau! Tranquillement il sort des hamburgers et des saucisses et s’apprête à les faire cuire. Il faut à tout prix que je parle à ces jeunes, me dis-je. Après le café, on se dirige vers la barrière du ponton qui indique «  no trespassing ». Rigolade pour nous, on y va quand même. Intrigués les jeunes lèvent la tête quand on arrive à leur hauteur. Présentations, ils sont heureux de parler avec nous. Le propriétaire du rafiot est Garrett qui y vit avec sa compagne Ruth. Daniel n’est que de passage. Le bateau a été acheté au mois de mai pour un coût de $5 500,00. «  A steal » nous dit Garrett ( traduisez : une affaire). Il fait 49 pieds de long (environ 16 mètres). Il faut, explique Garrett, enlever la vielle peinture pour retrouver le bois original qui était vernis. Cela prendra quelques semaines, mois, il ne savait pas trop mais il avait le temps puisque ce bateau était devenu sa vie. Ruth travaillait dans un hôtel proche comme réceptionniste : un revenu qui assure la subsistance du couple.

Ils possédaient un plus petit bateau avant et ils avaient fait la côte mexicaine. Avec celui-là plus grand, ils peuvent traverser l’Atlantique et venir en France ( nous voir).

Après avoir échangé nos e mails ( ce qui est fait avec tous ceux que nous avons rencontrés), on se serre la main. Il était temps que nous partions : les hamburgers sur le barbecue commençaient à ressembler à du charbon !


Cheryle, work/study at the Esalen Institute

Au bord de la route 1, de nombreux endroits sont aménagés pour permettre aux automobilistes de s’arrêter pour contempler la magnifique côte. Au contraire de la Côte d’Azur, les habitations sont très rares car le bord de mer est protégé. Sur l’une de ces aires de stationnement, une femme apparut : elle venait de terminer une longue montée sur une colline voisine. Ce qui attira immédiatement était ses chaussures : elles ressemblaient à une paire de gants, séparant distinctement chaque doigt de pied. Elle sourit et expliqua que cette forme de chaussure l’aidait à mieux grimper comme si elle était pieds nus. La conversation dévia sur ce qu’elle faisait en Californie.

Elle était américaine et vivait depuis dix ans en Nouvelle Zélande et avait ouvert un cabinet de massage thérapeutique. Elle était revenue aux Etats-Unis pour suivre un programme d’échange à l’Institut Esalen.

L’entrée de cette institution sur la route 1 était dissimulée derrière une végétation dense. Seule une grande pancarte anonyme indiquait l’entrée du centre. Très peu de visiteurs se rendent compte de l’importance de cette institution considérée comme l’une des meilleures retraites pour méditation. Sur un terrain coincé entre une falaise qui dominait le Pacifique et la chaîne de collines qui dominaient  la côte. D’une superficie de 120 acres ( 50 hectares), l’institut compte des cascades, des sources d’eaux minérales qui coulent de la falaise. L’endroit était idéal pour instaurer un tel lieu de méditation.

Créé en 1961 par deux étudiants, Mike Murphy et Richard Price, surpris au cours d’une excursion de trouver un lieu aussi magique, il a à présent une réputation mondiale et les trois cents participants qui y séjournaient en ce jour venaient des quatre coins de la terre.

Cheryle participait à un programme d’échange : elle travaillait 35 heures par semaine en échange de son hébergement et de sa nourriture. Elle payait quand même les cours.

Elle donna des détails sur sa vie à l’Institut : les principes enseignés étaient d’améliorer la vie en parlant de sagesse, de liberté (corps et esprit). Des groupes menés par des autorités se réunissaient pour changer d’attitude et trouver à travers exercices et méditation les moyens de développer une conscience plus apte à affronter cette existence si difficile à supporter pour beaucoup. Elle insista que pour suivre un tel régime il fallait être physiquement en forme : les exercices sont longs et rudes, obligeant les participants à d’énormes efforts. Cheryle semblait être un exemple de femme saine et solide.

En allant sur le site de «  Esalen Institute » et en lisant la liste des cours ou séminaires proposés, la question peut être posée pour savoir si ce centre n’approche pas l’idée de secte que nous avons en France. Cheryle était très positive : dans ce centre, tout est fait pour une excellente remise en forme mentale, physique et spirituelle. N’est-ce pas la recherche de chacun d’entre nous ?

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