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A la rencontre des Américains – Rencontres insolites 10

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Aux Etats-Unis, il y a des milliers de villes d’environ 25 000 habitants. Pourquoi, parmi toutes ces villes, avoir choisi Belvidere, Illinois ? Plus intéressante que les autres ? Dans un paysage splendide et unique ? En montagne ? Au bord de la mer ? Rien de tout cela, Belvidere est une petite ville ordinaire au bord d’une rivière, la Kiswaukee.

 

Belvidere, Illinois
Aux Etats-Unis, il y a des milliers de villes d’environ 25 000 habitants. Pourquoi, parmi toutes ces villes, avoir choisi Belvidere, Illinois ?
Plus intéressante que les autres ? Dans un paysage splendide et unique ? En montagne ? Au bord de la mer ?
Rien de tout cela, Belvidere est une petite ville ordinaire au bord d’une rivière, la Kiswaukee. De la même origine que Milwaukee ou que Waukegan, ce nom indien qui signifie dans la langue des Menomonee : « Gathering place by the waters » ( Lieu de rencontre près de l’eau).
Perdue au milieu des champs de maïs et des fermes qui élèvent encore des vaches, Belvidere compte environ 25.000 âmes.
Est-ce l’apparente connotation française du nom qui m’a poussé à l ’étudier de plus près ? Surtout que le Maire,Fred Brereton a des ancêtres d’abord canadiens puis beaucoup plus loin, français !

Les rives de la Kiswaukee River ont vu le premier pionnier arriver en 1834 : un dénommé Whitney, qui y établit une ferme. Il appelle le lieu sans aucune prétention : « Elysean Fields » ( Champs Elysées !). En 1851 une gare est construite sur la ligne qui traverse les Etats-Unis. La ville alors s’étend et prospère.

Mais une terrible catastrophe arrive le 21 avril 1967 : il ne faut pas oublier que Belvidere se trouve dans le couloir des tornades du Midwest. Ce jour-là vers le milieu de l’après-midi, les élèves du lycée sont sortis et attendent les bus scolaires sur le trottoir. Tout à coup apparaît une tornade avec son dramatique tourbillon. Il frappe le lycée de plein fouet. Affolés, les étudiants tentent de retourner dans les bâtiments mais les portes se sont refermées automatiquement derrière eux. Ils sont pris au piège. La force est telle que seize autobus sont soulevés et projetés contre le lycée, là où s’étaient réfugiés les élèves. Vingt-quatre sont tués sur le coup et 300 blessés. Ce fut un drame national !

Ce qui attire surtout le regard lorsque vous visitez le vieux centre ville (vieux à l’échelle américaine), ce sont toutes ces fresques apposées sur les murs des magasins et des maisons dont l’une décrit le drame du lycée. C’est en juin 1997 que plus de trois cents artistes venus des quatre coins de l’Amérique, d’Australie, de Grande Bretagne et du Canada débarquent à Belvidere pour créer toutes ces œuvres d’art. Le gouverneur de l’Etat de l’Illinois de l’époque Jim Edgar proclama Belvidere la ville des fresques murales. (City of murals).
C’est à un appel venu du « Arts Council » du comté de Boone que ce vaste projet fut entrepris. Grâce à des fonds collectés des entreprises et des magasins ainsi qu’avec l’aide de citoyens bénévoles, le centre ville a été ainsi rénové.
Mais la ville quoique ouverte et bienveillante pour ses visiteurs n’a pas d’autres caractéristiques. Elle est calme, loin du brouhaha des grandes villes, surtout de Chicago à quelques cent kilomètres.
Pour mieux la connaître et surtout l’apprécier, partons à la rencontre de quelques habitants. D’abord le plus important : le premier magistrat de la ville, le « Mayor », le Maire.

 

Fred, Mayor of Belvidere
A ma première demande, Fred a été heureux de m’accueillir et de me faire visiter sa mairie. Assis dans son bureau, nous avons longuement parlé de sa position et des projets qu’il a entrepris dans cette ville dont il est le maire depuis seize ans. S’il s’est présenté c’est qu’il avait à cœur de contrecarrer l’ancien maire qui voulait faire démolir l’un des plus anciens bâtiments de Belvidere. Elu, il a décidé de rénover le centre selon ses critères. Le projet des fresques a été, à ses yeux, une réussite pour rappeler le passé de cette ville établie en 1834 par Whitney, un aventurier venu s’établir sur les rives de la Kiswaukee River.

Fred vient de l’Iowa, de Mount Pleasant, qui compte une petite université associée à Coe College, celle où j’ai moi-même enseigné durant six ans. Tout de suite le contact fut excellent, nous avions un point commun. Cette approche facilite les confidences. Il s’est spécialisé, à la grande université de l’Illinois à Urbana, dans l’éducation : Education physique. Il commença à enseigner dans un collège (niveau 6e à 3e, système français, de 6 à 9, système américain). Mais il se rendit compte que ce n’était pas sa vocation. Alors il partit en Californie pour travailler dans des parcs et sur les plages. Mais l’Iowa lui manquait. Puis il se lança dans l’assurance et ouvrit avec son frère un cabinet d’assurances qu’il fit prospérer. Il vint finalement s’établir à Belvidere puisqu’il avait épousé une fille de la région.

Mais soudain, Fred me présente une carte postale : elle vient de Vaux-le-Penil ( 77) près de Melun. Comment a-t-il reçu cette carte postale ? C’est que Belvidere est jumelée avec Vaux-Le-Penil. Etrange situation puisqu’au départ, Belvidere était jumelée avec une ville allemande qui était elle-même jumelée avec Vaux-le-Pénil. Ce fut une association triangulaire.

La rencontre devint d’autant plus cordiale que j’avais eu Vaux-le-Penil dans le programme des Classes franco-américaines. Je lui demandai alors d’avoir accès à un ordinateur. En regardant sur le site des Classes franco-américaines, je lui montrai la page d’Anoushka, jeune écolière de Vaux-le-Penil qui à l’âge de dix ans était partie avec sa classe à Grosse Pointe Farms, Michigan, une commune très haut de gamme, où habitent tous les grands patrons de l’industrie automobile. Très surpris et heureux à la fois, il m’a dit qu’il communiquerait avec le maire de Vaux-le-Pénil pour lui transmettre cet article dés sa parution sur le site USA-decouverte.

Nous étions devenus en l’espace d’une demi-heure les meilleurs amis du monde ! Comme le monde est petit!
Puis nous parlâmes, lui en tant que maire et moi-même en tant qu’adjoint de mairie en France, des problèmes rencontrés dans les municipalités. Son approche, contrairement à la France, a été directe, honnête et sans secret. Il commença par son budget dont il me donna une copie complète : les impôts pour une commune américaine sont basés sur la valeur de l’immobilier, un peu comme en France. Auxquels il faut ajouter la taxe sur les services communaux (eau, égouts, dont la mairie s’occupe). Puis 1% venant de l’Etat de l’Illinois selon une somme partagée en proportion de la population. Mais aucune dotation du gouvernement fédéral. Il doit faire avec ce qu’il récolte. Comme les valeurs immobilières avaient baissé en raison de la crise des « subprimes », Fred a été obligé d’augmenter les taxes de 14% pour maintenir son budget. Les contribuables payaient la même somme que l’année précédente mais pour arriver au même budget, il fallait que cette augmentation apparaisse sur le papier. Subtilité d’un budget ! Son budget est de 14 millions de dollars. Il sert d’abord à payer les salaires des employés, environ 110. Puis la police (40 membres) et les pompiers, dont beaucoup de bénévoles. C’est environ 80% du budget (comme dans ma commune).
Lui en tant que Maire reçoit une compensation annuelle de 62 000 dollars et le coût d’une assurance santé.
Le reste sert pour l’entretien des routes, les bâtiments et les cas sociaux.

Le système scolaire a un budget séparé et indépendant. La commune de Belvidere n’y participe pas.
Enfin la loi l’oblige à avoir un budget équilibré sous peine de sanctions. Ce que Fred regrette c’est que cette loi ne s’applique ni aux Etats ni au gouvernement fédéral !!

Les personnalités connues venant de Belvidere : c’est d’abord Judy Ford qui devint Miss America en 1969 ! Puis le général Hurlbut qui joua un rôle important pendant la Guerre de Sécession.
Je venais de passer deux heures fort agréables avec Fred, le Maire de Belvidere.

 

Ron : the « Capture the moment » painter
Ce jour-là est apparu un long article sur un peintre qui avait une exposition pour le week end à la « White House » non pas de Washington DC mais de Belvidere, bâtiment peint en blanc. Ses tableaux me plurent. Alors sans hésiter, j’allai le rencontrer chez lui dans son studio. Il me reçut fort agréablement et me donna des détails sur son parcours.

Il est né dans l’Iowa à Burlington (où habite une de mes filles !). Premier point de sympathie. Il va au lycée de la ville puis il épouse Lola, une camarade de promotion. Très intéressé par la peinture et le graphisme, comme Grant Wood, il part à Chicago pour étudier l’art à la « Chicago Art Academy » pendant deux ans. Il avait 50 dollars en poche. A 18 ans il gagne son premier concours de dessin.

Il est alors employé dans une agence de publicité pendant 12 ans, agence dont il en deviendra le directeur.

Mais il continue sa carrière d’artiste indépendamment. Il participe à sa première exposition dans les rues de Chicago. Il me raconte une anecdote amusante : lors de sa première exposition, un couple passe et repasse devant ses tableaux. Il croit faire sa première vente. Le couple revient et lui demande s’il peut acheter le cadre d’une de ses œuvres car il lui plaît. Ils veulent le cadre mais pas la peinture ! Alors je me mets à rire ! Ron Wick me demande pourquoi. Je lui dis qu’en 1959 j’avais fait un dessin humoristique sur un peintre français à Chicago : Pierre ! Ce dessin représente Pierre qui repart avec son tableau sous le bras et qui gronde : « Au moins j’ai vendu le cadre ! ». Puis sur son ordinateur je lui ai montré la caricature publiée dans un journal local en 1960. Nous sommes tous partis d’un éclat de rire.

Ron a peint des vues de Chicago, vie des rues, bord du lac Michigan. Puis venant près de Belvidere, région rurale, il peint des scènes de ferme, de foires, de nature.
On parle de lui comme le peintre « Catch the moment ». Il y réussit avec beaucoup de talent.
Encore une rencontre heureuse!

 

Bruce : a Belvidere doctor
Un autre personnage important dans toute communauté : le médecin de famille.
Bruce est mon gendre !
Né dans l’Iowa (encore un !) Bruce est allé au lycée de Cedar Rapids puis à l’université de l’Iowa à Iowa City où il rencontra ma fille, étudiante aussi à la faculté de médecine. Il travailla quelques années à Decatur puis vint s’installer à Belvidere. Il a son cabinet dans une clinique privée avec six autres médecins. Chaque médecin a son infirmière attitrée et sa secrétaire pour s’occuper de la paperasse. Cette aide le libère des obligations administratives et des premiers contacts avec les patients. Il peut ainsi voir une trentaine de malades par jour. Ses revenus dépendent de ses visites.

Comme tout médecin aux Etats-Unis, il appartient à une catégorie sociale de très bon niveau et pourrait être affecté par les nouvelles décisions fiscales d’Obama qui veut augmenter les impôts de ceux qui gagnent plus de 250 000 dollars par an.
Que pense Bruce de l’ « Obamacare » ? Il est pour, comme un grand nombre de médecins américains, car cela permettrait à ceux qui n’ont pas d’assurance de se faire soigner. Bruce reçoit beaucoup de personnes âgées qui sont traitées sous l’assurance fédérale « Medicare » dont on parle beaucoup. Les règles sont strictes : le coût de la visite représente 80% du coût moyen d’une visite (environ 90,00 dollars).

Ce qui pose problème pourtant car il existe un manque de médecins surtout dans certaines régions. Quand les baby-boomers auront pris leur retraite, il manquera environ 25 000 docteurs aux Etats-Unis. Surtout des médecins de famille, les étudiants préférant se spécialiser et ainsi avoir des revenus supérieurs.

Dans cette clinique, il y a salles de réunions, salle de radio. L’établissement travaille aussi en contact direct avec un grand hôpital privé de Belvidere.

 

Susan : the Boone County free lancer
Inhabituel d’interroger une journaliste qui a pour mission de faire des portraits de personnages pour un journal local. C’est ce qui est arrivé au défilé du 11 novembre à Belvidere, Illinois. Une femme, munie de son appareil photos prenait des clichés des spectateurs et des vétérans de la dernière guerre. L’approcher a été facile : elle s’appelle Susan et travaille comme photographe et free lance reporter pour le « Boone County Journal », hebdomadaire local dans le comté Boone.

Auparavant elle a travaillé pour le Rockford Register Star pendant cinq ans. Puis pour des raisons économiques, elle a perdu son emploi l’an passé. Elle s’est reconvertie en photographe indépendante. Elle fait aussi bien des mariages que des cérémonies et publie dans son nouveau journal une « People Gallery », des portraits de personnes qu’elle rencontre au hasard. Un peu ce qui est fait dans cette rubrique.

Ce ne fut qu’à l’âge de 48 ans qu’elle commença à vraiment gagner sa vie et cela depuis cinq ans. Elle écrit trois articles par semaine pour le « Boone County Journal » publication distribuée gratuitement et financé par la publicité.

Avant d’être à Belvidere, elle vivait à Chicago et faisait des photos d’événement publics ou privés. Elle a terminé le lycée, à Oswego, Iowa, mais n’est pas allée à l’université.

Elle remarque que faire ce métier est difficile car il faut avant tout savoir vendre son travail. Après la cérémonie, Susan partait pour Chicago où elle devait écrire un article sur un sculpteur connu.

 

Neal : the Belvidere High School band director
A la cérémonie du 11 novembre, connue aux Etats-Unis sous le nom de « Veterans’ day », deux fanfares défilèrent. Elles venaient des deux lycées de la ville : Lycée du Nord et Lycée du Sud. Facile de nommer les établissements scolaires à Belvidere !

La fanfare du « North Belvidere High School » est dirigé par un jeune directeur : Neal. Neal a fait ses études à l’Université de l’Illinois à Urbana, au sud de Chicago. Il termine avec un diplôme de BME, « Bachelor of Musical Education ». Avant Belvidere, il enseigna dans les banlieues de Chicago : Glen Ellyn. Depuis quatre ans il dirige les étudiants qui forment cette fanfare : 88 au total . Il répète avec le groupe une fois par semaine mais donne cinq heures de cours par jour. Son poste : Director of Band.

La fanfare joue pendant les matches de football et de basket ball du lycée. Elle participe à six grandes parades : Noël, Halloween, Memorial Day (premier lundi de mai) et au 4 juillet, fête nationale.

Une fois par an, dans la tradition des fanfares en Amérique, elle entre en compétition avec d’autres groupes.
Bravo à Neal pour avoir formé une excellente fanfare.

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