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La publication en 1852 du roman «La case de l’Oncle Tom » apparaît aux gens du Sud comme une injure. Pendant quelques temps, un difficile équilibre est maintenu, en veillant à ce qu’il y ait à peu prés autant d’Etats esclavagistes que d’Etats libres dans l’Union. L’accession à la présidence d’Abraham Lincoln en 1861, abolitionniste déclare, remet tout en question.
Abraham Lincoln (né en 1809) est le type de ces self-made men dont l’Amérique a produit tant d’exemples. Tour à tour bûcheron, manœuvre, charpentier dans son Kentucky natal, batelier sur le Mississippi, il se lance comme avocat dans I’lllinois et représente cet Etat au Congres en 1847.
La Guerre Civile
Dés son élection à la présidence, la Caroline du Sud se déclare indépendante, suivie par les autres Etats sudistes; en février 1861, ceux-ci se constituent en Etats Confédérés d‘Amérique. Comme Lincoln est résolu à maintenir l’unité, la guerre éclate le 12 mars avec l’incident de Fort-Sumter à Charleston, en Caroline du Sud.
Les forces sont inégalement réparties. Les Etats sécessionnistes ne regroupent que 9 millions d’habitants, dont 4 millions d’esclaves; mais ils sont bien organisés, possèdent de bons soldats et un grand chef, Jefferson Davis.
Ils lutteront quatre années durant contre les 22 millions de Nordistes, moins disciplinés et divisés entre eux, mais qui possèdent l’industrie et la flotte de guerre.
Le conflit est marqué par de sanglantes batailles. Les forces nordistes arrivent un moment aux portes de Richmond, Virginie, tandis que les Sudistes de Lee cherchent vainement à encercler Washington, la capitale fédérale. Alors que Lincoln rallie les Etats hésitants, la flotte du Nord paralyse le commerce des ports du Sud avec l’Europe; une armée nordiste, sous le commandement de Grant et de Sherman, prend à revers le Sud par la vallée du Mississippi et finit par envelopper les troupes de Lee.
A Gettysburg la bataille, tournant décisif du conflit, a fait 51 000 victimes entre le 1er et le 3 juillet 1863 parmi les soldats de l’Union et de la Confédération. Abraham Lincoln prononce, lors de la cérémonie de consécration du champ de bataille, le 19 novembre 1863, ce discours de deux minutes qui restera ancré dans les mémoires : Gettysburg Address , l’une des clefs de voûte de l’histoire de la guerre civile.
Richmond tombe le 3 avril 1865, et les derniers Sudistes capitulent le 9 à Appomattox (Virginie).
La guerre de Sécession a des conséquences importantes. Non seulement les pertes humaines (environ 472 000) et les destructions matérielles ont été lourdes, mais l’équilibre financier a été rompu, et une inflation terrible a été provoquée par l’émis sion massive des fameux «greenbacks». C’est aussi la défaite du Sud cotonnier face aux Etats industriels du Nord-Est.
La Reconstruction
Lincoln se voulait clément avec les vaincus, mais il périt assassiné le 14 avril 1865. Avec sa mort commence pour les Etats-Unis une sombre période de règlements de comptes et de scandales, appelée «la Reconstruction » (1865-1877).
De reconstruction, cette époque n’a que le nom. Elle marque au contraire, dans l’Amérique toute entière, le triomphe de la corruption la plus complète. La cause de cette situation réside dans l’absence d »hommes d’Etat capables et honnêtes.
Apres la disparition de Lincoln, le vice-président Johnson prend sa place. Il conserve certes les mêmes buts que son prédécesseur (il fait attribuer les droits civiques aux Noirs), mais son tempérament violent le rend parfois grossier et maladroit.
En 1869 c’est le général Grant qui entre à la Maison-Blanche.
Habile homme de guerre, mais faible politicien, il laisse pratiquer tous les abus : la spéculation est effrénée, l’arrivisme est la règle. Des aventuriers démunis de tout, les «carpet-baggers», s’abattent sur le Sud comme une nuée de sauterelles et le mettent en coupe réglée, devant les habitants totalement impuissants.
Les sociétés secrètes foisonnent, comme le Ku-Klux-Klan qui doit sa réputation sinistre aux nombreux excès commis au détriment des Noirs.
L’opinion publique, qui a tardé à s’alarmer, s’inquiète peu à peu. Une réaction se dessine, qui amène Hayes à la présidence en 1877. Dès 1876, l’Exposition de Philadelphie montre que les Etats-Unis, qui se sont relevés économiquement, sont en voie de devenir une puissance mondiale de premier plan.
