La célèbre Grande Salle, dont le plafond chargé de stalactites atteint la hauteur d’un immeuble de 22 étages, pourrait contenir facilement 14 terrains de football. Elle est considérée comme la plus vaste caverne du monde. Des projecteurs habilement disposés font ressortir ses roches teintées de rose et d’incarnat, ses niches et ses colonnes qui ont parfois l’aspect tourmenté de totems.
Lorsque, sous la poussée des plissements géologiques, les grottes se sont trouvées projetées au-dessus de la nappe d’eau, l’air a empli les salles souterraines et l’eau chargée de minéraux qui filtrait depuis la surface a commencé à orner les cavités d’élégantes formations de stalactites et de stalagmites.
Mais actuellement, seul un très petit nombre de ces concrétions poursuit son développement; les couches minérales s’y déposent d’ailleurs si lentement que la durée d’une vie humaine ne suffirait pas pour constater une progression.
Peu après la guerre de Sécession, un jeune cow-boy nommé James White résolut d’aller voir ce qui se dissimulait derrière cette ouverture et, simplement muni d’une lampe à pétrole, il s’y engagea. II découvrit une merveilleuse caverne et fut fasciné par les étranges formations colorées de sa roche autant que par les nuées de chauves-souris qui y avaient élu domicile.
Une épaisse couche de guano tapissait le sol : il ne tarda pas à envisager tout le parti qu’il pourrait en tirer. S’étant associé à quelques ranchers du voisinage, il exploita cet engrais naturel accumulé au cours des siècles et dont plus de 100 000 tonnes furent extraites en vingt ans.
Ce commerce fructueux lui permit de procéder à des explorations souterraines approfondies. Les scientifiques ayant compris l’intérêt de ce phénomène géologique, le parc fut bientôt créé.
II y a des milliers d’années que les chauves-souris passent l’hiver au Mexique. Puis, d’avril à octobre, elles prennent leurs quartiers d’été dans les Grottes de Carlsbad. Le jour, elles sont près d’un million à dormir la tête en bas, en grappes serrées accrochées aux parois et au plafond.
Juste avant le coucher du soleil, elles surgissent de la caverne en vol compact, à une cadence de 100 à la seconde, et s’élancent à la poursuite des insectes destructeurs de récoltes, le long du Rio Pecos et de la Black River. Juste avant la naissance de l’aube, elles regagnent leur antre avec une exactitude d’horloge.
Sur les parois du couloir naturel de 12 m qui conduit aux grottes, on peut admirer des peintures indiennes tracées il y a un millier d’années. Tout comme les Apaches d’époques plus récentes, les auteurs de ces fresques se servaient, pour cuire leurs repas, composés de plantes du désert, d’un four creusé dans la roche et qui subsiste de nos jours à l’entrée des passages humides (2,8 km) conduisant à la salle de restaurant souterraine.
Dans le secteur, les hivers sont doux, en dépit d’éphémères tempêtes de neige. Les étés chauds sont parfois entrecoupés de violents orages qui peuvent faire naître en moins de trois minutes, au fond des canyons, des torrents dont les eaux atteignent jusqu’à trois mètres de hauteur, et qui disparaissent aussi vite qu’ils sont venus. En revanche, à l’intérieur des grottes, la température reste stable (environ 13 °C toute l’année).
Les Carlsbad Caverns sont situées à l’extrême sud-est du Nouveau Mexique, à 241 km au nord-ouest d’El Paso, à Carlsbad, dans le Eddy County.
Photos : NPS/Peter Jones.